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Pierre Lafrance, ambassadeur de France, mort le 31 août, à l’âge de 92 ans, était un grand diplomate et un discret érudit, mais aussi un profond humaniste et un ardent militant des droits humains. Dans les couloirs du Quai d’Orsay, sur les bancs des universités et des centres de recherche comme dans l’enceinte de la Cour nationale du droit d’asile, où il siégea, ou dans les pays dans lesquels il fut affecté, le souvenir de sa haute silhouette demeurera.
Né à Tunis le 19 août 1932, au temps du protectorat, d’une famille accoutumée au monde musulman (père administrateur en Tunisie, grand-père ingénieur du canal de Suez), l’arabe fut pour lui une musique familière qui forma sans doute son goût pour l’Orient. Il en approfondit la connaissance à l’Ecole nationale des langues orientales et, après avoir passé le concours des affaires étrangères en 1964, il se retrouve en Algérie, jeune diplomate témoin du coup d’Etat de Houari Boumediene contre Ahmed Ben Bella, en juin 1965.
Spectateur des bouleversements du monde musulman, il le sera également, à Tripoli, lors du renversement, en 1969, du vieux roi Idris Ier par le bouillant colonel Kadhafi, puis en Afghanistan lorsque le prince Daoud renversa, en 1973, son cousin le roi Zaher Chah et, bien plus tard, au Pakistan, en 1996, lors de la destitution de la première ministre, Benazir Bhutto. Ce très fin connaisseur du monde arabe devait encore servir au Koweït et en Arabie saoudite puis, plus tard, en Mauritanie comme ambassadeur. De 1980 à 1985, conseiller à l’Institut du monde arabe, alors en construction, à Paris, son sens de la négociation sera bien utile à cet établissement, lieu unique d’échanges entre la France et les pays arabes.
Curieusement, c’est dans le monde persan que cet arabisant a vécu ses expériences les plus marquantes. D’abord en Iran, pays qu’il a beaucoup parcouru, de 1969 à 1972, du temps de la « révolution blanche » conduite par le chah pour moderniser le pays puis, quinze ans plus tard, comme chef de poste, lorsqu’il découvrit l’Iran de Khomeyni, qui avait remplacé le chah. L’Iran était en guerre avec l’Irak. Paris soutenait Bagdad, ce qui avait causé la rupture des relations diplomatiques avec la France de juillet 1987 à juin 1988. Pierre Lafrance est resté enfermé plusieurs mois dans l’ambassade de France à Téhéran et s’est efforcé de régler le très délicat contentieux franco-iranien sur le nucléaire. Affaire finalement résolue en décembre 1991, alors qu’il assurait la direction d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au Quai d’Orsay.
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